Verreault-Paul se tourne vers le passé pour bâtir un avenir meilleur
Francis Verreault-Paul demeure un héros aux yeux de plusieurs partisans de la région du Lac-St-Jean. Premier membre de la nation innue à évoluer dans la LHJMQ, Verreault-Paul a passé cinq saisons avec les Saguenéens de Chicoutimi, aidant l’équipe à atteindre la demi-finale de la Coupe du Président à ses deux premières années. Le hockey, et un profond désir de promouvoir le changement, ont été les tremplins qui l’ont mené à l’un des plus hauts rangs de la fonction publique de la communauté autochtone.
« J’ai toujours su que je voulais travailler au sein de ma communauté une fois ma carrière de joueur terminée », explique Verreault-Paul. « Je suis donc revenu chez moi pour travailler au conseil de bande en tant que conseiller politique. À l’époque, je ne connaissais pas grand-chose à la politique et je ne savais pas si je voulais continuer à travailler dans ce domaine, mais en fin de compte, j’ai eu envie d’essayer de changer les choses. Je veux apporter quelque chose de nouveau et de différent à nos communautés. »
Un an après son retour à Mashteuiatsh, une communauté située à 100 kilomètres à l’ouest de Chicoutimi, il a été nommé directeur du conseil. De là, il a pris la route pour Québec et le Conseil de l’éducation des Premières nations, où il a été nommé Directeur des communications et des relations gouvernementales. En juin 2023, il est nommé Chef de cabinet de l’Assemblée des Premières Nations pour le Québec-Labrador. Il s’agit d’une progression naturelle qui soutient plusieurs aspects de la vie pour lesquels Verreault-Paul est passionné.
« J’apprends à connaître les différentes communautés des Premières nations de la province », explique-t-il lorsqu’on lui demande ce qui l’a le plus attiré vers ce poste. « J’ai toujours voulu travailler avec et pour les Premières nations. De plus, je peux maintenant aborder de nombreux autres sujets tels que les soins en santé, les infrastructures, la politique et le travail avec des groupes nationaux et internationaux. »
Les nombreuses leçons que Verreault-Paul a apprises sur la glace du Centre Georges-Vezina ne l’ont pas quitté alors qu’il s’apprête à relever ses nouveaux défis.
« Le hockey est un sport d’équipe », affirme-t-il. « Il n’y a personne qui se met de l’avant. C’est quelque chose que j’apporte à mon travail tous les jours. En tant que Chef de cabinet, je suis responsable d’une équipe où chacun joue un rôle différent, mais tous sont aussi importants les uns que les autres. Le bonheur est essentiel. Il faut avoir des objectifs communs, des moyens de motiver les gens. Le hockey m’a beaucoup apporté. Mais les choses les plus importantes qu’il m’a apportées, je les utilise encore. »
Comme pour la grande majorité du pays, le hockey est un mode de vie dans les communautés indigènes. Verreault-Paul, en particulier, a combiné son amour du sport avec un désir d’avancement personnel. Après quatre années passées à l’Université McGill (il a été nommé au Temple de la renommée de l’école plus tôt cette année) et quelques années dans les ligues mineures, l’homme de 36 ans s’est rendu en Angleterre, où il a poursuivi sa carrière sur la glace tout en obtenant une maîtrise en dehors de celle-ci. Toutes ces expériences lui donnent une perspective unique sur la façon dont le sport peut apporter des solutions.
« Certains de mes meilleurs souvenirs de jeunesse remontent aux tournois des Premières nations », explique-t-il. « Pour moi, le sport est un moyen pour les jeunes et les moins jeunes de se développer. Il m’a donné tant d’opportunités. Il existe des problèmes sociaux au sein des communautés des Premières nations, mais je pense que le sport peut être une solution. »
Selon lui, le sport peut également apporter des solutions dans le reste du monde.
« Au Québec et dans les Maritimes, les équipes de la LHJMQ sont très proches des communautés des Premières nations », explique Verreault-Paul. « J’aimerais voir plus de partenariats entre les deux. Beaucoup de joueurs d’âge junior ne le réalisent pas, mais ils sont des modèles importants. Des choses comme [la reconnaissance] des terres non cédées et [le respect] de la Journée de la vérité et de la réconciliation. Il est très important pour nous, en tant qu’autochtones, de voir des non-autochtones non seulement reconnaître ces choses, mais aussi en apprendre davantage sur le sujet. Ce type de collaboration est très utile. »
La Journée de la vérité et de la réconciliation se déroule dans un esprit de solennité et de réflexion. Francis Verreault-Paul en est conscient comme tout le monde. Mais même lorsqu’il insiste sur l’importance de la réflexion, il garde en tête une perspective plus large.
« J’aimerais que les gens sachent pourquoi l’orange est la couleur [de la Journée de la vérité et de la réconciliation]”, souligne-t-il. « Et de reconnaître que les peuples indigènes du Canada font partie de l’histoire. Ils ont vécu sur ces terres pendant très longtemps. C’est une journée très lourde et je pense qu’il y a encore beaucoup d’injustices, mais je pense aussi que c’est une occasion pour nos nations d’apprendre à mieux se connaître et de trouver de nouvelles et meilleures façons de travailler ensemble. »
« Je n’oublierai jamais ce qui s’est passé », conclut-il. « C’est l’une de mes responsabilités. Mais il est également de ma responsabilité de regarder vers l’avenir. Ce que la Ligue essaie de faire, comme beaucoup d’autres organisations, c’est d’être plus disposée que jamais à connaître l’histoire réelle de ce qui s’est passé dans le passé. C’est une des raisons pour lesquelles je regarde vers l’avant. Nous avons un bel avenir. »
Des paroles pleines de sagesse de la part d’un homme qui est l’incarnation vivante de cet avenir.