Nos Anciens | Beaudoin bondit vers le Vieux Continent
Charles-David Beaudoin a beaucoup voyagé au cours de la dernière décennie. Depuis la fin de son séjour dans la LHJMQ, en 2015, l’ancien des Voltigeurs de Drummondville et de l’Océanic de Rimouski a porté les couleurs de 10 équipes différentes.
Son étonnant périple a débuté dès la saison 2015-2016, alors qu’il s’est joint aux Patriotes de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
« Ce n’était pas mon plan A, mais j’avais toujours pris mes études au sérieux. Avec ma blessure qui m’avait gardé à l’écart du jeu pour une bonne partie de ma dernière année junior, l’idée d’aller jouer universitaire est devenue une option très intéressante », raconte celui qui a aujourd’hui 29 ans.
« Je préférais terminer mes études en finance, dans un bon programme de hockey avec les Patriotes, avant de faire le saut chez les professionnels », se rappelle-t-il. « Il ne me restait que deux ans à mon BAC et les offres à deux volets AHL/ECHL étaient loin de me garantir une longue carrière. J’avais espoir que ces offres soient encore sur la table deux ans plus tard, mais cette fois-ci avec une certaine sécurité mentale qui proviendrait de mes études. »
Après l’élimination des Patriotes au terme de sa seconde saison, son ancien entraîneur aux Universiade de 2017 lui a donné un coup de fil pour l’inviter à se joindre aux Oilers de Tulsa, dans la Ligue de hockey de la Côte Est. Après seulement cinq rencontres avec eux, il était déjà rappelé par les Senators de Binghamton, dans la Ligue américaine.
« Ce rappel dans la LAH est survenu plus rapidement que je l’imaginais. Lorsque mon entraîneur m’a téléphoné pour me dire de garder mon cellulaire proche puisque j’étais rappelé à Binghamton, j’avais de la misère à le croire », lance-il en riant.
« C’était un rêve pour moi de jouer dans cette ligue. J’étais très fébrile, mais je me sentais plus prêt à relever le défi. Je ne voulais pas manquer cette opportunité. Je voulais m’assurer d’impressionner pour mériter un contrat pour l’année suivante. »
Ses parents avaient d’ailleurs fait le voyage jusque dans l’État de New York pour voir leur fils disputer le dernier match de la saison régulière des Senators.
« C’était un beau moment, autant pour moi que pour eux, après tant d’années à travailler et faire des sacrifices d’enfin me voir réaliser mon rêve. »
Il passera finalement les trois saisons suivantes dans la LAH, mais en portant plutôt les couleurs du Moose du Manitoba, le club-école des Jets de Winnipeg.
« Je progressais bien, mais lorsque tu n’es pas repêché tu dois toujours en faire plus pour mériter ton temps de glace et tes opportunités. À ma troisième saison, beaucoup de bons jeunes défenseurs repêchés arrivaient avec nous et j’étais le seul qui était sur un contrat LAH seulement », raconte l’ancien capitaine des Voltigeurs.
Il s’est donc retrouvé à nouveau dans la ECHL, d’abord avec les Icemen de Jacksonville, puis avec le Rush de Rapid City. C’est à ce moment que l’idée de l’Europe a commencé à lui trotter dans la tête.
Mais la pandémie de 2020 est venue compliquer ses plans. Après de nombreux coups de fil, c’est finalement avec le EHC Linz, en Autriche, qu’il allait entreprendre son aventure européenne. En plus du hockey, il a profité de son passage dans les Alpes pour y épouser sa copine Amélie.
« L’Autriche est probablement l’un des plus beaux pays qu’on a visités. Le fait d’y avoir vécu pendant neuf mois est sans doute l’une des plus belles expériences que ma femme et moi avons eu la chance de vivre », admet-il. « Du côté hockey, c’était plus difficile. Mon adaptation au style de jeu autrichien n’a pas été facile, et nous avions fini dernier dans la ligue. »
Après cette difficile saison 2020-2021, l’organisation des Canadiens de Montréal l’a convaincue de revenir en Amérique. Dès l’année suivante, Charles-David Beaudoin a donc partagé son temps de glace entre le Rocket de Laval (LAH) et les Lions de Trois-Rivières (ECHL).
« Jouer à la Place Bell, devant une salle comble, pour le club école des Canadiens, est sans doute l’un des souvenirs que je garderai à tout jamais dans ma mémoire », affirme-t-il. « En grandissant au Québec, c’est sans aucun doute un rêve de petit gars de porter les couleurs du CH. Je peux dire que j’aurai presque goûter à tout en allant au camp du Canadien, en jouant pour le Rocket, et en participant à l’édition inaugurale des Lions. »
En février 2022, Beaudoin reçoit un appel de son agent, qui lui propose de terminer la saison avec le IF Bjorkloven, en deuxième division suédoise.
« C’était la date limite des transactions et je devais prendre ma décision rapidement. En quelques heures, ma femme et moi avons pris la décision de foncer et de finir la saison en Suède », mentionne-t-il. « C’est une décision que je ne regrette pas du tout puisqu’on a perdu en finale l’année dernière et mon style de jeu fit très bien la ligue ici. J’ai donc décidé, pendant les séries, de signer une extension de contrat pour cette année. »
Le 8 novembre dernier, c’est donc en Suède que la petite famille Beaudoin s’est agrandie, avec la naissance de la petite Lara.
« Ce n’est pas toujours évident le quotidien avec un enfant et deux chiens, dans un pays loin de nos familles et amis. Mais nous sommes choyés, reconnaissants et très heureux de pouvoir vivre ces expériences! », assure-t-il.
Le nouveau père admet ne pas savoir ce que l’avenir lui réserve, mais il aimerait bien demeurer en Europe pendant quelques années encore.
« Je crois vraiment qu’un jour je vais savoir, ou comprendre, que ce sera le temps de mettre fin à ma carrière. Lorsque ma fille sera d’âge d’aller à la maternelle par exemple, c’est certain que j’aimerais lui offrir une plus grande stabilité », précise-t-il.
« Comme je le mentionnais, mes études me permettent d’avoir l’esprit tranquille. Je regarderai donc les opportunités qui se présenteront à moi une fois revenu au Québec pour de bon. »