Un nouveau Anton Zlobin, version anglaise
Les joueurs de hockey professionnels qui migrent en Amérique du Nord ont bien souvent besoin d’un peu de temps pour s’adapter à leur nouvelle équipe, à leur nouveau pays, au style de jeu différent. Imaginez donc la complexité de la chose, lorsque l’athlète en question n’est en réalité qu’un jeune adolescent, qui ne comprend pas un mot de ce qu’on lui dit.
Il faut du courage pour quitter le nid familial et parcourir des milliers de kilomètres dans l’unique but de pratiquer son sport préféré. Bien qu’accroché solidement à son rêve d’atteindre la LNH, les premiers mois d’Anton Zlobin en sol canadien ont été particulièrement éprouvants.
Seul au monde
Fraîchement arrivé au Centre Bionest, quelques heures seulement après sa descente de l’avion, Zlobin était attendu par les journalistes affectés à la couverture des Cataractes de Shawinigan. Sa venue était largement médiatisée. D’autant plus que la saison précédente, Martin Mondou avait réclamé Kevin Pushnik, une erreur autrichienne magasinée par catalogue qui a obtenu son ticket de retour quelques semaines plus tard. Cette fois, les partisans attendaient un joueur flamboyant.
Zlobin n’avait aucune connaissance de la langue française. En anglais, ce n’était pas mieux. Son agent, Sergey Bodgan, lui a servi d’interprète au cours des premières semaines. Lorsque ce dernier a quitté la ville, Zlobin s’est senti seul au monde.
«Je ne comprenais absolument rien! Quand Éric m’expliquait quelque chose, je devais regarder les autres le faire ou encore me fier à ce qu’il dessinait au tableau. Dans le vestiaire et devant les journalistes, je répondais oui ou non, sans même savoir pourquoi. Je n’avais aucune idée de ce que les gens me disaient», s’esclaffe le jeune attaquant qui s’exprime, un an et demi plus tard, dans un anglais respectable.
Une fin de saison explosive
Le jeune moscovite a mis du temps à se mettre en marche. À la mi-saison l’an dernier, tout s’est mis à fonctionner pour lui. En séries éliminatoires, il était parmi les meneurs de l’équipe.
Dès le début de la présente saison, l’ailier gauche a repris le boulot exactement là où il l’avait laissé. Après 46 matchs, il présente un dossier de 30 buts, 24 mentions d’aide pour un total de 54 points.
«Maintenant, je comprends beaucoup mieux le style de jeu nord-américain. L’adaptation n’a pas été facile. Les gars sont beaucoup plus gros ici et jouent de façon beaucoup plus physique.»
Selon lui, les dimensions de la patinoire ont également eu un grand impact sur son lent départ dans la LHJMQ.
«La vitesse d’exécution n’est pas la même. Dès que tu reçois la rondelle, tu dois prendre une décision, car la mise en échec s’en vient. Tu dois redonner la rondelle beaucoup plus rapidement qu’en Russie. »
La Coupe Memorial : un tremplin
Ignoré lors du dernier encan de la LNH, Anton Zlobin a obtenu une invitation des Islanders de New-York qui comptaient lui offrir une chance à leur plus récent camp d’entraînement. Un problème de visa l’a toutefois empêché de traverser la frontière.
«Cette saison, je bénéficie d’un rôle beaucoup plus important au sein de l’équipe. Je veux aider les Cats à gagner les deux coupes. Sur le plan individuel, je dois profiter de cette saison exceptionnelle à Shawinigan pour me faire voir par les dépisteurs de la LNH. C’est une bonne chance pour moi de faire bonne impression.»